L’étiopathie :
D'où vient cette médecine méconnue ?
L’étiopathie est une médecine récente en comparaison des autres médecines douces. Cela s’explique par le fait que le raisonnement propre à l’étiopathie n’avait jamais été appliqué aux soins auparavant. Ainsi, il est intéressant de comprendre d’où vient ce raisonnement et comment cela différencie l’étiopathie du reste des traitements manuels.
![](https://www.etiopathiesuisse.ch/wp-content/uploads/2024/12/christian-tredaniel.jpg)
De patient à praticien,
L’histoire de Trédaniel
Tout a commencé avec Christian Trédaniel. En 1952, suite à une mauvaise réception en saut en longueur, C. Trédaniel souffre d’une névralgie sciatique. Les médecins de l’époque lui ont prescrit des médicaments oraux puis par infiltration, malheureusement, cela a été inefficace. Soit C. Trédaniel ressentait ses symptômes, soit il ne sentait plus sa jambe du tout. La prise en charge proposée ne correspondait pas du tout à ses attentes, de plus, à chaque fois que la prescription ne faisait plus effet, son problème revenait. Alors, la première nécessité de trouver la cause du problème lui a parut évident.
C. Trédaniel se tourne alors vers le docteur André de Sambucy qui est l’un des premiers thérapeutes à se pencher sur l’intérêt des traitements manuels. Les manipulations effectuées ont permis à C. Trédaniel d’être soigné durablement de sa sciatalgie. Il trouve cela si fascinant qu’il devient l’élève de A. De Sambucy puis son collaborateur.
Sur les conseils de son mentor, C. Trédaniel va diversifier et approfondir ses connaissances aux Etats-unis. Il suit des formations de chiropraxie et d’ostéopathie jusqu’à la fin des années 50. Ses nouvelles pratiques lui permettent d’avoir un large panel de techniques manipulatives.
Mais dans le savoir de A. De Sambucy, comme dans les études américaines, C. Trédaniel trouve qu’il manque une logique fondamentale, un raisonnement précis et objectif sur lequel le praticien devrait s’appuyer pour diagnostiquer. Il remet en cause la subjectivité du diagnostic uniquement palpatoire, et le manque de précision d’un traitement sur toute la colonne vertébrale.
Les fondements d’une discipline
rigoureuse et logique
Il commence alors à se renseigner sur les notions de systémique et de cybernétique afin de l’appliquer rigoureusement à la physiologie humaine. Puis il cherche des modes de raisonnement (tels que l’induction, la déduction…), une approche déterministe, et une méthode d’application rigoureuse (tels que les principes cartésiens). L’aboutissement de toute cette réflexion forme Les Principes Fondamentaux pour une Médecine Etiopathique, dont le premier livre édité sort en 1979.
Trédaniel est donc le fondateur d’une nouvelle médecine dont la base n’est pas la technique manuelle non instrumentale mais ce raisonnement spécifique qui permet une approche novatrice des pathologies.
Une fois qu’il est satisfait de cette méthode de raisonnement causal, logique et indispensable à un traitement efficace, il lance en 1961, avec l’aide d’autres thérapeutes, l’Association Ostéopathique Internationale, afin de transmettre son savoir. Il faut noter qu’à cette époque, l’ostéopathie n’existait pas en Suisse.
Cependant, cette appellation ne lui correspond pas pour deux raisons. La première est qu’il ne souhaite pas être confondu avec ses confrères du même nom mais qui n’appliquent pas le raisonnement. La seconde est que l’ostéopathie signifie littéralement la souffrance des os, or, C. Trédaniel souhaite mettre en évidence l’idée de recherche de la cause. C’est ainsi qu’en 1963 C. Trédaniel donne le nom d’Etiopathie à sa méthode, qui signifie littéralement la cause de la souffrance.
C’est au cours de cette même année que l’enseignement commence dans le canton de Genève au sein du Collège Européen d’Ostéopathie. Il se forme en parallèle l’Institut International d’Etiopathie, une association qui a pour but de veiller au bon développement de la profession, au respect des principes étiopathiques et à la cohésion des praticiens.
En 1967, l’Institut Suisse d’Étiopathie est créé et remplace l’Association Internationale Ostéopathique, puis en 1971, le terme “étiopathie” est officiellement utilisé pour l’enseignement : le Collège Européen d’Ostéopathie devient le Collège Européen d’Étiopathie (CEE).
C’est dans cette continuité que la faculté libre d’étiopathie de Paris voit le jour en 1976 alors que l’enseignement de l’étiopathie en Suisse cesse en 1981.
L’étiopathie une médecine mécaniste
Lors de sa recherche de raisonnement, C. Trédaniel a adapté les concepts de systémique au corps humain, et les régulations cybernétiques à la physiologie humaine. Ainsi, l’étiopathe considère le corps comme une machine, un système complexe, composé de plusieurs sous-systèmes. Les praticiens sont souvent comparés à des « mécaniciens » du corps car cette approche explique, d’une part, que le corps humain ne peut se dérégler seul : il existe toujours une cause au dysfonctionnement. D’autre part, toutes les manipulations peuvent être expliquées, tout le déroulé d’installation de la pathologie repose sur des théories déterministes logiques, et la cause de la pathologie est toujours retrouvée sur un système structural, non abstrait. Ce second point permet à l’étiopathe d’éviter les conclusions hâtives qui accuse le patient, comme c’est possible de l’entendre au travers de « c’est dans votre tête », ou « vous êtes stressé ».
Cette vision différente permet une nouvelle approche, une nouvelle réflexion sur une pathologie donnée.
La différence entre étiopathe, ostéopathe, chiropracteur, rebouteux…
Cette dernière partie contient des généralités qui nécessiteraient une prise au cas par cas de chaque praticien et de chaque formation de chacun de ces métiers. Ceci étant, la récurrence de cette question nécessite une réponse.
L’étiopathie ressemble au courant d’ostéopathie mécaniste, vis à vis de certaines manipulations, comme cela a été expliqué plus haut dans l’historique. Il existe plusieurs autres courants ostéopathiques avec lequel l’étiopathie n’a aucun point commun. La principale différence repose sur notre façon de diagnostiquer la cause. De façon général, l’ostéopathe a un diagnostic palpatoire tandis que l’étiopathe se base sur le questionnement patient-praticien.
La chiropraxie comme les vertébrologues sont des médecines vertébro-centrées, c’est à dire que leur raisonnement les ramèneront toujours à la nécessité de manipulations exclusivement vertébrales. Dans la pratique nous nous éloignons des chiropracteurs actuels (malgré l’inspiration qu’a acquis C. Trédaniel en Amérique) car ils utilisent des outils de manipulation tel que de petits marteaux.
Enfin, le reboutement… Ce terme représente des praticiens qui n’ont pas eu de cursus d’anatomie ou de physiologie mais qui pourtant manipulaient et soulageaient des patients. Leur pratique reposait sur l’empirisme et la reproduction par mimétisme de manipulations efficaces. L’étiopathie possède un héritage important qu’en ce savoir ancestral. La différence réside dans le fait que l’étiopathie a ajouter au reboutement, les connaissances scientifiques nécessaires à la compréhension de ce qu’il se faisait naturellement.
L’étiopathie une science évolutive
L’étiopathie est une science, une médecine, elle se doit d’être remise en question et d’évoluer en corrélation avec les avancées des recherches scientifiques. Ainsi, après sa diplomation l’étiopathe peut approfondir ses connaissances théoriques et pratiques aux travers de DU (diplômes universitaires), de formations ou lors des Congrès étiopathiques.
L’Institut Suisse d’Etiopathie offre à ses membres diplômés des formations régulières ainsi que des échanges professionnels sur la pratique, les techniques manuelles ou les avancées de l’étiopathie dans divers domaines. Cela permet, d’une part, aux praticiens de suivre les théories actuelles, et d’autre part, de garder une cohésion au sein de la profession.
Par ailleurs, plusieurs étiopathes s’investissent dans la formation de leurs futurs consœurs et confrères dans les centres de formation en France ainsi que dans le projet d’ouverture d’une formation en Suisse dans les prochaines années.
La science se questionne et progresse, l’étiopathie est une science.